Sortir du cliché du psy froid et reconnaître la chaleur comme un soin

Sortir du cliché du psy froid et reconnaître la chaleur comme un soin

On entend souvent que « Les psy sont froids et distants ». Ce cliché trouve son origine dans la psychanalyse freudienne, qui valorisait la neutralité bienveillante : la·e thérapeute maintenait une distance importante et limitait fortement ses réactions pour laisser s'opérer et développer le transfert, le déplacement des émotions du patient sur le psychanalyste.

Théoriquement, l’objectif était d'offrir un espace sans jugement, propice à la parole. En pratique, cette neutralité est souvent vécue comme une absence d’engagement, voir comme de la froideur. La toile blanche prévue comme espace de projection est souvent perçue comme un mur de brique par les patient·es, client·es.

Aujourd’hui, de plus en plus de professionnel·les remettent en question cette posture clinique unique. Iels explorent des approches où la chaleur humaine, l’authenticité et la présence émotionnelle sont au cœur de la relation thérapeutique. C’est dans cette mouvance que s’inscrit l’Attitude Authentiquement Affective (AAA), qui conjugue expertise et lien humain.

Et si, finalement, être authentique, c’était aussi offrir un cadre plus sûr pour avancer ?

L’AAA : son histoire et ses principes

L’Attitude Authentiquement Affective (AAA) vient des travaux de Stanislas Tomkiewicz, psychiatre engagé, marqué par son adolescence dans le ghetto de Varsovie et le soutien décisif d’un premier psy, ce qui l’a poussé à fonder une pratique basée sur l’amour de l’autre (Montigny, 2001). Après vingt-trois ans auprès d’adolescents en difficulté à Vitry-sur-Seine, il formalise les trois piliers de l’AAA, pensée pour transmettre aux jeunes le sentiment d’être véritablement aimés (Les Amis de Tom, 2015) :

  • Authenticité : être pleinement soi-même, avec ses émotions et réactions, sans artifice.

  • Affectivité : mobiliser empathie, partage, humour, ou dévoilement thérapeutique quand c’est pertinent.

  • Adaptation : ajuster sa posture à l'unicité de chaque personne, en tenant compte de son histoire, de son langage et de ses ressources personnelles.

L’AAA crée un cadre sécurisant et collaboratif où le·la patient·e se sent écouté·e, compris·e et soutenu·e.

Témoignages du terrain : la force d’un lien authentique

Sans forcément savoir que ma posture était celle de l'AAA, plusieurs patient·es et client·es m'ont témoigné de l’impact concret de l’AAA sur leur cheminement. Iels soulignent unanimement que ce lien authentique a été pour elleux un véritable moteur de changement :

  • Se sentir rapidement à l’aise et en confiance, permettant d’aborder aussi bien des sujets profonds que plus quotidiens.

  • Retrouver l’envie d’agir sur leur vie grâce à une déculpabilisation active.

  • Restaurer leur confiance en eux, à travers une écoute vraie et sans jugement.

  • Percevoir un accompagnement sur mesure, adapté en permanence à leur singularité par la sélection des outils les plus justes (TCC, métaphores, exercices ludiques).

  • Se sentir reconnu·es comme des êtres humains dignes d’attention soutenue.

Ces témoignages souligne qu’une alliance thérapeutique sincère et chaleureuse devient un moteur de changement durable.

Du côté des professionnel·les, les échanges sur LinkedIn confirment cette dynamique :

  • En Ehpad, où les résident·es n’appellent pas spontanément à l’aide psychologique, l’authenticité permet d’établir un véritable échange.

  • Pour des personnes âgées ou en situation de handicap, l’AAA — pensée à l’origine pour les jeunes en quête d’autonomie — aide à restaurer dignité et indépendance.

  • L’approche, peu connue, correspond à une évolution éthique des pratiques, avec un engagement sincère et honnête pour être pleinement là pour l’autre.

Adapter sa posture selon les besoins

L’AAA invite à adapter sa posture aux besoins de la personne, tout en s'ouvrant sincèrement à l'autre.

Pour une personne souffrant de dépression, une présence active et chaleureuse est souvent nécessaire. Rester neutre face à une personne en grande détresse, n'est pas bienveillant, c'est la laisser se noyer dans sa souffrance. Dans cette circonstance, cette posture peut alors être dangereuse et délétère.

Mais pour d’autres personnes qui souhaitent explorer en autonomie leur pensées, la neutralité peut suffire.

Conclusion : poser un autre regard sur la relation thérapeutique

Il est peut-être temps de se défaire de l’image du ou de la psy froid·e et distant·e. L’Attitude Authentiquement Affective montre qu’être authentique et en lien affectif n’est pas contraire au professionnalisme : c’est au contraire un levier de transformation puissant.

La qualité du lien (alliance thérapeutique, rapport collaboratif) est une des composantes essentielles de la psychothérapie, c'est d'ailleurs le principal facteur prédictif de son efficacité, autant dire que cette question est cruciale.

Références

Les Amis de Tom. (2015, 8 janvier). Attitude Authentiquement Affective. http://www.amisdetom.org/article.php3?id_article=38

Montigny, M. (2001, 20 octobre). Stanislas Tomkiewicz a humanisé la psychiatrie. La Croixhttps://www.la-croix.com/Culture/2001-10-20/Stanislas-Tomkiewicz-a-humanise-la-psychiatrie-_NP_-2001-10-20-143421

Thiriez, I. (2011). Vous avez dit « neutralité bienveillante » ? . Alieniste & Rockologuehttps://igorthiriez.com/2011/11/01/neutralite-bienveillante/

Discussion LinkedIn liée : https://www.linkedin.com/posts/prudencenazeyrollas_idaezesreaexues-psychologie-psychiatrie-activity-7358404914475114496-pYdY?utm_source=share&utm_medium=member_desktop&rcm=ACoAAAgxJgABtyt5HZfHI3hP8of3zbX9P5y6h2g


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